CREDO d'Ensoucado
Je crois que la Provence est au centre du monde .
Je crois que son nombril est le bourg de Pertuis .
Je cris que l ‘Elysée est au bord de La Bonde ,
A moins que ce ne soit sur la hauteur d’Ansouis .
Je crois que des génies flottent sur les lavandes ,
Et que les papillons qu’on voit sur les genêts
Sont des fées . Et j’ai vu des sylphides , en bandes ,
Au cœur de la Durance tremper leurs mollets .
Un prince d’autrefois flâne le long de l’Eze
Depuis qu’en vert crapaud un jour le transforma .
Et Mélusine est là . ( Mais il faut qu’on le taise ,
J’ai passé plus d’un soir , blotti entre ses bras ) .
L’étranger est chez lui dans cette capitale ,
S’i sait boire pastis et tirer cochonnet ,
S’il montre un peu d’amour pour la mœurs provençale ,
S’il a assez d’humour pour de faire moquer .
Pour le peintre l’automne est un enchantement .
L’été est le repos des évadés des villes .
Et si l’hiver est triste , en est-il autrement
Ailleurs ? Quant au printemps aux fragrances subtiles ,
Il faut passer les monts pour mieux s’y retrouver :
Sodico d’un côté et Parola de l’autre ,
D’accord à décevoir l’espoir de votre nez ,
Sont l’ombre à ce tableau . ( N’avez-vous pas les vôtres ? )
J’ai vu un lys d’azur à ceinture écarlate ,
Couché sur champ de blé , entouré d’angelots .
J’ai vu des ciels de pourpre ,, avant l’heure d’Hécate
J’ai entendu des pierres parler en sanglots .
J’ai senti la prairie , crissant quand on la foule ,
Exhaler un parfum , à la fois incertain
Et grisant . J’ai plongé dans le canal qui coule
Sa fraîcheur et sa paix au milieu des raisins ,
Des vergers , des moulins qui tournent sans rien moudre
Que quelques souvenirs , égouttant de leurs bois ,
Ecoutant le silence tracer dans la poudre
Des ruines , le dessin des invisibles voix
Qui font que la Provence accroche à son histoire
Le passé de chacun qui cherche le bonheur ,
Non dans les grands drapeaux des brillantes victoires
Mais dans la simple paix de la Terre et du cœur .